Lyon, le 17 février 1773
Nous avons reçu hier, monsieur, au lieu d'un ennuyeux bulletin, la copie de votre lettre charmante à m. le maréchal de Richelieu, du 21 décembre.
En la lisant, j'ai dit tant mieux: voudrez vous bien me le pardonner?
Je déteste la calomnie;
Ce monstre est horrible à mes yeux:
Cependant de vos envieux
Je passe la plaisanterie.
Il est partout d'honnêtes gens,
Même parmi les rabbinistes.
Puissent vos sombres calvinistes
N'être aujourd'hui que médisans.
En lisant la sainte écriture,
Nous voyons chez bien des vieillards,
Par des gestes et faits gaillards,
L'amour surmonter la nature.
Les païens en firent un dieu,
Qui nous meut selon son caprice:
Il rend froid le jeune Narcisse,
Et fait triompher Richelieu.
Si les hauts chênes de Dodone
Prédisaient les biens et les maux,
L'amour fit chanter les roseaux:
Vous lui devez votre couronne.
Du fameux chantre de Théos
Longtemps il a monté la lyre:
Puisse-t-il, plein de son délire,
Nous conduire encore à Paphos!
Amen!