17e auguste 1772, à Ferney
Madame,
Il n’est pas surprenant que tant d’officiers des autres souverains veuillent être les vôtres, et qu’on s’empresse de vouloir servir celle qui est admirée dans l’Europe et dans l’Asie.
Plus de vingt jeunes gens ayant sçu que votre m. imp. daignait m’honorer de quelque bonté m’ont demandé des lettres de recommandation. Je n’ay pas été assez téméraire pour oser prendre cette liberté. J’ay été d’autant plus retenu que j’ignorais si ces jeunes gens étaient dignes d’entrer au service de votre majesté impériale.
Mais enfin voicy le baron de Pellemberg, né en Flandres, officier en Espagne aux gardes vallones, fils du baron d’Horvost Pellemberg, général major au service de s. m. l’impératrice reine. Il ne veut servir d’autre impératrice que vous. Il veut absolument aller à Petersbourg soit que j’aye la hardiesse de lui donner une lettre soit que je ne pousse pas jusques là ma témérité.
Il sait sept langues, et il a cette conformité avec votre majesté. Bientôt il en saura une huitième que vous rendez respectable à toutte l’Europe. Pour moy je me borne à vous dire dans la mienne que je suis avec le plus profond respect et la plus inviolable reconnaissance
mad.
de v. m. imp.
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire