1777-10-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Catherine II, czarina of Russia.

Madame,

Si votre majesté impériale a le temps et la bonté de jeter un coup d'oeil sur les trois feuillets que je mets à ses pieds, les deux premiers contiennent le sujet du prix de cent louis d'or, dont je donne la moitié, pour celui qui osera imiter votre jurisprudence.
Le troisième, n. 32, cite votre majesté comme le modèle de toutes les nations, et en cela l'auteur ne se trompe point.

Le roi de Prusse en use dans ses états comme votre majesté dans les siens. Plusieurs princes font le même changement dans les lois de leur pays. Cette révolution s'étendra jusqu'à Rome et jusqu'aux pays d'inquisition. C'est un siècle nouveau qui va naître et dont vous aurez été la créatrice.

Je fais partir pour Petersbourg des exemplaires complets que je mets à vos pieds. Je vous supplie de pardonner à ma hardiesse en faveur de mes intentions. Je ne puis finir mes jours par un hommage plus pur et plus sincère que celui que je rends à votre majesté impériale.

Daignez agréer, madame, le profond respect et la reconnaissance de votre très humble admirateur et adorateur,

le vieux malade de Ferney.