1772-05-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Joachim de Pierres, cardinal de Bernis.

Je l’avais bien dit à Vôtre Eminence et à Sa Sainteté, que vous seriez tout deux responsables devant Dieu, des péchés de ce pauvre Florian.
Il s’est marié comme il a pu. On prétend que son mariage est nul; mais les conjoints l’ont rendu très réel. C’est bien la peine d’être pape pour n’avoir pas le pouvoir de marier qui l’on veut. Pour mois si j’étais pape je donnerais liberté entière sur cet article, et je commencerais par la prendre pour moi.

En attendant, permettez que j’aie l’honneur de vous envoyer ce petit conte qui m’a paru très honnête, et qui est je crois d’un jeune abbé. Quand les dieux autrefois venaient sur la terre, c’était pour s’y amuser, attendu que la journée à vingt-quatre heures. Votre génie doit s’amuser toujours, meme à Rome; il serait peut être excédé de tracasseries dans Versailles; il verrait de trop près nos misères; il est mieux dans le pays des Scipion, des Virgile, et des Horace.

Le vieux malade de Ferney vous demande très humblement votre bénédiction et des indulgences plénières.