à Versailles le 5 Mars 1772
M.,
J’étois déjà à Macon lorsque je me suis rappellé que vous m’aviez parlé d’un pacquet que vous vouliez envoyer à Paris et dont je vous avois promis de me charger.
Les occasions où je puis faire quelque chose qui vous soit agréable sont si rares que j’ai été très fâché d’avoir manqué celle cy. N’attribuez je vous prie cette faute de ma part qu’à la multitude de petits soins dont j’ai été obligé de m’occuper au moment de partir et fournissez moi quelque moyen de la réparer lors de mon retour à Geneve qui sera j’espère peu après Pâques.
Vous êtes dans votre solitude à peu près aussi instruit de ce qui se passe ici que les gens qui partagent leur vie entre Paris et Versailles. Il n’y a que la masse des changements qu’il vous seroit je crois difficile de vous figurer. Après trois ans d’absence je trouve presque tout le monde changé d’état et de logement. Les gens de Lettre même me paroissent dans une position très différente de celle où je les avois laissés. Je remets à mon retour à vous entretenir de toutes ces choses aux quelles il est impossible de ne pas prendre intérêt quoiqu’on préfère son jardin au Palais des Rois.
J’ai vu M. quelques uns de vos amis mais jusqu’ici j’ai plus habité Versailles que Paris. Dorénavant ce sera le contraire. J’espère beaucoup de M. le d. d’Aiguillon dont j’ai été très bien reçu.
Mais quelque soit le succès de mon voyage je l’abrégerai le plus qu’il me sera possible. Qu’il est doux d’être chez soy! Donnez moi vos ordres M. pour le moment de mon retour. Je serai d’autant plus exact à les exécuter que je me fais un devoir et un plaisir de vous donner des preuves du dévouement inviolable avec lequel &c.