13e 7bre 1771
Mon très cher philosophe, tâchez que nous aions une douzaine de comtes de Crillons et de princes de Salm à la cour de France, et quelques rois de Prusse à l’académie, alors tout ira bien.
Je vois qu’on réforme tous les parlements; mais je suis sûr qu’aucun ne prêtera son ministère au rapel des Jesuites. S’ils reparaissaient ce ne serait que pour être en horreur à la France; et la philosophie y gagnerait bien loin d’y perdre. Nous aurions le plaisir de voir les loups et les renards se mordre, et le petit troupeau des philosophes serait en sûreté.
On dit que vous avez prononcé à l’académie un discours aussi agréable qu’instructif. Ne permettrez vous pas qu’on l’imprime dans les papiers publics? Vous ne dites jamais que des vérités éloquentes. Il n’est pas juste que nous en soions privés.
On m’a envoié un imprimé d’un autre genre. C’est une apparition de nôtre seigneur Jesu christ dans une paroisse de l’évêché de Treguier en basse Bretagne, et un discours qu’il a prononcé devant Monsieur l’Evêque sur les péchés des bas Bretons, le tout avec approbation et privilège. Celà est bien consolant, et vaut assurément tous vos discours académiques.
Adieu, mon cher et respectable ami. Je suis toujours souffrant et aveugle. Si j’étais bas Breton Jesu christ m’aurait guéri; mais je vois bien qu’il ne se soucie pas des Suisses.