Monsieur,
Je suis bas breton, tous mes parens vous donnent au diable, j'ai étudié sous le professeur Cogé, et cependant, je suis rempli d'admiration pour vous.
Les homages brillans qu'on vous a rendu, ne doivent point vous faire dédaigner ceux des gens obscurs; Jesus Christ reçut le tribut des rois, il ne refusa pas les fleurs et les colombes des bergers.
A peine ais-je quitté L'enfance; j'ai beaucoup voyagé, j'ai traversé les mers, j'ai vu les contrées lointaines, une bonne partie de L'Europe; et je verrai Vernay; je veux pouvoir dire: et moi aussi, je l'ai vu, ce Voltaire.
Je vous envoie le portrait d'un bon curé, il est mort dans une des terres de mon père la semaine passée; je me suis chargé de son oraison funèbre, puisse t'elle vous arracher un sourir: Jeannot ne veut pas qu'on pleure même sur son tombeau.
J'ai L'honneur d'être avec respect
Votre très humble et très obéissant
Serviteur
Cambry De Kyausquer
à L'Orient le 1 juillet 1776