[June/July 1771]
Que j’aime à vous voir défendre mr de Voltaire avec cette chaleur monsieur.
Je ne puis vous exprimer quel chagrin je ressentois à l’antendre accuser et de voir ses meilleurs amis, ses plus vrais admirateurs le laisser sans défense. J’ai tenté plus d’une fois de l’excuser, mais que pouvoit ma faible voix contre une opinion si universelle et qui par cela même paraissoit si juste? On m’accusoit d’un fanatisme et d’un entousiasme fou, on vouloit m’en faire honte, mais mon coeur le justifioit toujours. Je me sens bien soulagée d’avoir un appui tel que vous. Une des choses qui me paroissoit aussi justifier le plus mr de Voltaire c’est d’avoir dit toute sa vie ce qu’il dit dans ce moment. A l’égard des gens de lettres il est certain qu’ils ont suivi l’opinion au lieu de la donner comme cela leur convenoit. Je voudrois que la lettre éloquente que vous m’adressés fût connue de tout le monde, elle ramèneroit bien des esprits….