12e 9bre 1764
Mr Marin, mon cher frère, se charge de faire imprimer avec permission, ma réponse à Mr Defoncemagne; je crois même que l'impression est déjà achevée. En tout cas, je vous envoie un exemplaire corrigé, dont je lui fais tenir un double. Montrez, je vous en prie, cet éxemplaire à vôtre ami Mr de Beaumont. Je crois que l'article qui regarde les avocats ne lui déplaira pas. Je voudrais d'ailleurs avoir son avis sur le fond du procez. Je vous avoue que je serais tenté de proposer à Mr Defoncemagne de prendre une demi douzaine d'avocats pour arbîtres. Il me parait qu'on ne peut former que deux opinions sur cette affaire, l'une que le testament attribué au Cardinal n'est point de lui; l'autre, que s'il en est, il a fait un ouvrage impertinent. Il y a plus d'un livre respecté dont on pourait en dire autant.
Tâchez, mon cher frère, d'animer frère Protagoras; c'est l'homme du monde qui peut rendre les plus grands services à la cause de la vérité. Les mathématiques sont fort belles, mais, hors une vingtaine de Théorèmes utiles pour la méchanique et pour l'astronomie, tout le reste n'est qu'une curiosité fatigante. Plût à Dieu que nôtre Archimède pût trouver un point fixe pour y pendre le fanatisme!
Il ne m'est venu aucun livre étranger; on ne trouve pas un seul dictionaire philosophique actuellement dans toute la Suisse. Personne ne m'attribue cet ouvrage dans le païs où je vis; il n'y a que des Frérons qui puissent m'en accuser à Paris; mais je ne crains ni les Frérons ni les Pompignans. Ces malheureux ne m'empêcheront jamais de vivre et de mourir libre.
Je vous embrasse de tout mon cœur, E[c]r: L'inf: