28e juillet 1765
Si cette Lettre vous trouve encor à Paris, mon cher ami, je vous apprends qu'un gros paquet, contenant des pièces éssentielles pour les Sirven que j'envoiais à mr Elie De Beaumont sous l'envelope de mr d'Argental, revètue encor de celle de M: Le Duc de Praslin, a été décachété à la poste, et je ne sçais si on l'a rendu à Mr de Beaumont avec la taxe énorme de Genêve, ou si on l'a retenu, ou si Mr D'Argental a été vèxé des frais du port.
J'ai toujours recours à vous dans mes détresses. Vous verrez sans doute Mr d'Argental et Mr de Beaumont avant de faire ce voiage qui fait mon espérance la plus flatteuse. J'ose vous suplier de rendre à l'un ou à l'autre, les frais que cette véxation aura pu lui coûter.
Je suis bien plus en peine de l'affaire cruelle que plusieurs avocats ont suscitée à Mr de Beaumont. Je ne connais guères d'injustice plus punissable. Ah! mon cher ami, de combien d'injustices nous parlerons quand j'aurai l'honneur de vous voir! N'oubliez pas, je vous prie, de voir Archimède, qui sans doute vous chargera d'un petit mot pour moi.
Nous avons demain Mlle Clairon, mais vous savez si je préfère la philosophie à la déclamation la plus parfaitte. Vous savez avec quelle impatience je vous attends. Je suis bien malade, je ne veux de confesseur que vous.
V.