29e 9bre 1770, à Ferney
Monsieur,
Les cavaliers des fermes générales viennent d’arrêter sur le chemin de Meyrin à Genêve, dans la route de traverse, cinq voitures chargées de Cinquante deux coupes de bled, lesquelles apartiennent au nommé Cemetiere, et à un nommé Gros dit Bordon, son associé.
Tous deux, sous prétexte de fournir le genevois Cambassadez à à Janthoux, ravissent tout le bled du païs, le portent dans l’étranger, et font mourir les agriculteurs de faim.
Il y a plus de six semaines que ce brigandage s’éxerce jour et nuit. Nous avons besoin de la plus prompte justice, et de la délivrance du fléau dont nous sommes accablés.
Il est bien cruel que ce soit un genevois demeurant sur terre de Geneve, qui soit chargé de nourir les troupes du Roi, et qui par là fournisse un prétexte continuel de mettre la famine dans nôtre province.
Nous vous demandons en grâce de vous concerter avec Monsieur de Caire pour sauver ce malheureux petit canton.
J’ai l’honneur d’être avec respect
Monsieur
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire