6e Xbre 1770, à Ferney
Monsieur,
Le village de Ferney a plus que jamais besoin d’une fontaine publique.
Elle est nécessaire nonseulement à la communauté, mais à tous les voituriers et aux laboureurs, pour abreuver leurs chevaux et leurs bœufs. J’ignore s’il faut un arrêt Conseil pour boire de l’eau. J’ai cru que Mr L’intendant pourait mettre d’un mot le village de Ferney en droit de dépenser son argent à un ouvrage si indispensable. Je vous demande en grâce de vouloir bien procurer aux habitans de Ferney la grâce qu’ils ont demandée.
Les Cavaliers des fermes arrêtèrent hier douze coupes de bled conduites par un voiturier qui dit les porter à Cambassadez mais qui n’avait point de passeport. Je ne sais si on peut arrêter du bled sur le grand chemin; mais il est bien triste que ce genevois soit le prétexte continuel de la cherté du bled que les Français éprouvent, et du trouble où est nôtre pauvre petit canton. Le païsan est désespéré, pour moi j’espère en vous.
J’ai l’honneur d’être avec l’attachement le plus respectueux
Monsieur
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire