1759-05-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

L'académie de Lezine vous représente mon cher ami que l'avoine coûte icy quatorze florins la coupe, ce qui est le double du prix ordinaire.
Il ne faut pas dire à l'académie que j'ay vingt chevaux. Mais si l'avoine est à bon marché, si elle ne vaut à Lyon que la moitié de ce qu'elle coûte à Geneve, ne pouriez vous pas faire un coup, m'envoyer deux cent coupes par le Rone? Mes chevaux iraient chercher leur dîner avec passeports.

On dit qu'àprésent le pr. Henri donne force passeports pour l'autre monde à l'armée d'exécution très exécutée. Luc est toujours à Landshut et sans se mouvoir fait tout mouvoir. Les russes arrivent enfin en Pomeranie. Pour moy j'ay deux semoirs admirables. Je me ruine à rendre fertile une terre mauditte. Mais c'est le devoir de l'homme. Bon jour mon cher amy.

V.