à Shwessingen près de Manheim 26 juillet [1758]
Mon cher baron, madame la duchesse de Saxe Gotha me mande du 17 juillet qu'on n'avait point encor de réponse, à la lettre que son ministre vous avait écritte.
Je ne doute pas qu'àprésent on n'ait de vos nouvelles dans cette cour. Je suis sûr que vous aurez déjà consommé cette petite négociation de la négoce. Rien n'est plus simple. Comptez qu'il ne faut qu'un billet signé du duc et de la duchesse. Soyez sûr qu'ils vendront leur vaisselle d'argent plus tôt que de ne pas payer. Je répons de tout. Jamais affaire n'a été plus sûre. Vous avez apparemment déjà pris 80 mille livres ou 90 mille pour mon compte. Je vous exhorte à finir cette affaire au plus tôt, ou pour mieux dire, je vous en félicite.
Le Rhin et le Nekre sont débordez dans tout le palatinat, la communication des villes interceptée, les biens de la terre perdus, l'armée jadis Clermont, et les hanovriens souffrent également. Dix mille saxons que le Roy avait pris à son service, marchent de Strasbourg à travers Les eaux pour aller renforcer et affamer nos trouppes. Les russes ont déjà fait des courses en Pomeranie et en Silésie. Luc est très embarassé. Mais tout le monde l'est aussi, on se ruine, et il ne résulte de tout cela que le malheur public. Ne m'oubliez jamais auprès de ces dames, de toutte votre famille et du Grand docteur. J'espère vous renouveller bientôt les sentiments qui vous attacheront toujours le suisse
V.