24 9bre 1770
Le vieux malade de Ferney, monsieur, vous doit depuis longtemps une réponse.
Il vous l’envoie de la Chine, et peut-être trouvez vous les vers un peu chinois. Quand vous n’aurez rien à faire, et que vous voudrez écrire à ce vieillard, je vous prie de donner votre lettre à m. Marin; vous pourrez me dire à cœur ouvert tout ce que vous penserez; j’aime bien autant votre prose que vos vers.
C’est au bout de trois ans que j’ai su votre demeure par m. Marin à qui je l’ai demandée. Si vous m’en aviez instruit je vous aurais remercié plus tôt tout malade que je suis. Je ne vous ai point écrit depuis la mort de m. D’Amilaville notre ami; il se chargeait de mes lettres et de mes remerciements.
Il y a toujours dans vos vers des morceaux pleins d’esprit et d’imagination; on se plaint seulement de la profusion qui empêche qu’on ne retienne les morceaux les plus marqués. Vous trouverez ma lettre bien courte pour tant de beaux vers dont vous m’avez honoré, mais pardonnez à un malade qui est absolument hors de combat, et qui sent tout votre mérite beaucoup plus qu’il ne peut vous l’exprimer.
V.