aux Délices près de Genêve 14 8bre 1755
Je profitte d'un petit moment de santé ou plutôt de relâchement de mes maux pour présenter mes tendres respects à Monsieur et à Madame de Brenles.
La maladie de Mr de Giez m'a empêché, il y a un mois, d'aller à Monriond, et La mienne maintenant me retient auprès de Genêve. Je vois bien que nous retournerons à peu près dans le même temps à Lausanne: ce sera là que je remercierai made de Brenles: ses vers sont le prix le plus flatteur de l'Orphelin de la Chine. Je suis actuellement dans l'incapacité de répondre même en prose: il ne me reste plus que le sentiment: mais ce n'est pas assez, il faudrait l'exprimer, et ce n'est pas une besogne de malade.
Mr Dupont devait venir à Monriond cet automne; voilà les choses furieusement dérangées. On n'éprouve dans la vie que des contradictions, bien heureux encor quand on s'en tient-là. J'ai à soutenir tous les maux du corps et de l'âme. L'espérance de revoir Mr et made de Brenles me soutient. Nous leur renouvellons made Denis et moi les plus sincères amitiés.
Adieu couple respectable et aimable jusqu'au moment où Monrion nous rassemblera.
V.