1770-09-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Joseph Michel Antoine Servan.

Monsieur,

Le vieux malade de Ferney présente ses respects au jeune malade de Grenoble qui est à Lausanne.
Je souhaitte que vous trouviez auprès de Mr Tissot la santé que je ne cherche plus. Quand vous vous remettrez en route souffrez que je vous offre dumoins le repos et le régime dans ma retraitte où vous jouïrez d'un air très pur, et où vous ne mangerez que ce que vous ordonnerez. Vous savez combien vos jours sont précieux à tous les hommes qui pensent. L'intérêt extrème que nous y prenons ma nièce et moi, mérite que vous nous donniez la préférence sur les cabarets.

Aiez la bonté, Monsieur, de nous faire avertir du jour de vôtre arrivée, et du régime où vous êtes, afin que nous ne transgressions point les lois imposées par Mr Tissot.

J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux, et l'intérêt le plus vif,

Monsieur

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire