A Limoges le 10 Juillet 1770
Je ne sais, mon cher Caillard, si vous avés reçu une lettre que je vous ai adressée à Dijon le 22 Juin à laquelle étoit joint un projet de lettre de L'abbé de L'Aage.
Depuis ce tems l'abbé a reçu la réponse à sa première lettre. Je vous en envoye copie. Je ne puis comprendre comment on a pu goûter la traduction et en faire d'aussi grands éloges sans s'être apperçu que ce n'étoit pas une simple prose. On ne s'explique point sur cet article qui est cependant l'objet le plus intéressant. L'abbé De L'Aage veut insister et il a récrit la lettre dont voici le projet. Il vous prie instamment de la faire parvenir à son adresse, en la mettant à la poste de Genes si vous êtes encore à tems. Si vous êtes déjà à Parme, il faut la faire mettre à la poste dans quelque ville des états du Roy de Sardaigne afin de mieux dépayser. Si la lettre que vous avés reçue à Dijon n'est pas partie il faut la supprimer.
Je vous faisois dans la lettre que je vous écrivois à Dijon quelques exhortations que je vous répète point ne doutant pas que cette lettre ne vous soit parvenue ou ne vous parvienne. Je n'ay pas besoin de vous dire qu'elles n'ont été dictées que par l'intérêt que je prens à votre bonheur.
Savés vous le nouveau désagrément qu'essuye le pauvre abbé Morellet à qui Mr le Contr. Gl ne permet pas de publier sa réponse à l'abbé Galiani? Cela est bien étrange.
L'abbé me mande que Me Caillard est placée en Pologne. Je suis charmé que par cet arrangement elle puisse se passer de vous. Cela vous mettra en état de mettre vos affaires en ordre.
Le tems qu'il fait ici est déplorable, il retarde la moisson et fait tout craindre pour l'année prochaine. J'iray pourtant à ce que j'espère passer le mois prochain à Paris.
Adieu. Je vous souhaite une bonne santé et tout le bonheur que vous pouvés désirer.