A Limoges le 5 Avril 1771

Je regrette bien, mon cher Caillard, que votre voyage à Paris ait eu pour époque un tems où j’en suis éloigné.
Mais je suis fort aise de voir que les circonstances se sont arrangées de façon à vous laisser dans la même position. Je vous félicite de voyager avec M^e De B. à laquelle vous trouverés sûrement de l’esprit et de l’honnêteté.

Vous allés avoir pour m’envoyer les détails que vous me destiniés une occasion meilleure que celle de M^r De La Loge; c’est celle de M^r Le Marquis de Boisse qui sera le 20 à Limoges, il demeure à Paris, Rue du Sepulchre, et je crois chéz Benezit Baigneier. Il est de la Connoissance de M^r D’Aix: il faut envoyer savoir le jour de son départ. Aureste l’occasion de M^r De La Loge étoit fort sûre. Je suis fort aise que vous ayés été content de Didon. Voilà l’ouvrage poussé à peu prés à 500 vers sur sept cent. Mais comme on dit la queue est ce qu’il y a de plus difficile à écorchér, et il est à souhaiter qu’elle ne soit point en effet écorchée. A propose de Didon l’abbé de L’Aage a pris son parti de faire encore une tentative auprès du Patriarche de Ferney pour avoir s’il est possible le jugement définitif de cette oreille superbe. Voiés cy après la lettre qu’il écrit et que vous pourrés faire contresigner chez M^r Trudaine ou chez M^r De Malesherbes. Il vaut mieux je crois faire adresser la réponse à Genes. Cela mettra plus de vray semblance dans toute l’histoire, et vous préviendrés facilement le directeur de la poste de Gênes par lequel vous pourrés aussi faire passer les répliques, qu’il pourra cacheter de son cachet.

Je n’ay point fait vos complimens à Cornuau qui n’est point ici, et qui ne se doute pas des démarches que j’ay faites pour luy. Il ne les apprendra qu’en apprenant le succès dont par malheur je ne suis nullement sûr.

Voici encore une lettre du Pr. de S^t Gerald. Adieu, mon cher Caillard, je vous souhaite une bonne santé et toute sorte de satisfaction. Vous ferés mes complimens à M^rs De B. et Melon. Je vous laisse le maitre de prendre un exemplaire de la formation des richesses pour le P. Veniné.