[22 June 1770]
J'espérais, M., en passant à Paris à mon retour de Hollande, trouver chez M. Caillard, votre réponse à la lettre que j'ai pris la liberté de vous écrire à la fin de février, et en vous adressant quelques essais d'une traduction de Virgile.
J'aurais été infiniment flatté que vous eussiez daigné m'en dire votre avis; votre approbation eût été pour moi le plus grand des encouragements. Je crains bien que votre silence ne soit l'arrêt de ma condamnation. L'emploi de votre temps est si précieux pour votre gloire, pour le plaisir et l'instruction des hommes, que vous ne devez pas en perdre à discuter des écrits médiocres; et, malgré l'amour-propre attaché à la profession d'écrivain, l'idée que j'ai de la sûreté de votre goût est telle, que je suis bien prêt à souscrire à votre jugement. Quoi qu'il en soit, comme il se pourrait absolument que le paquet eût été perdu, j'ose vous prier de me tirer de cette incertitude, ne fût-ce qu'en me le renvoyant tel que vous l'avez reçu, et sans y faire aucune réponse. J'entendrai votre silence, et je saurai renoncer à un travail que vous aurez jugé sans mérite. Ayez la bonté d'adresser toujours le paquet à M. l'abbé de l'Aage des Bournais, sous une double enveloppe à M. Caillard, secrétaire de M. d'Arget, à l'Ecole militaire; il se chargera de me le faire passer.
J'ai l'honneur d'être, avec un attachement fondé sur l'admiration la plus profonde, M., etc.