1774-01-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Mon très cher Gabriel au nom du bon goust et de votre intérest ne farcissez point votre édition de touttes ces petites pièces étrangères.
Le mauvais et le médiocre étouffent toujours ce qui peut se trouver de bon dans un livre.

Premièrement vous feriez un double emploi des épigrames de l’antologie qui sont déjà imprimées dans les questions, et de l’églogue de Theocrite qui est imprimée aussi, et de plusieurs autres petits morceaux.

Secondement les autres pièces ne sont pas de moi.

Laissez moi chercher dans mes paperasses de quoy vous être utile.

Venez nous voir, aportez avec vous les feuilles de vos mélanges.

Que je voie au moins ce qui m’apartient et ce qui ne m’apartient point.

Ne hazardés pas de vous ruiner, et de me déshonorer. Vous me faites toujours trembler pour vous et pour moi.

Made Denis est toujours bien malade et moi aussi.