1766-02-14, de Pierre Michel Hennin à Voltaire [François Marie Arouet].

Je ne sçais monsieur, si je ne m'y prens pas trop tard, et si m. Racle n'aura pas détruit son ouvrage.
Il est convenable que je fasse dire un service dans ma Chapelle, à l'instar de ceux des Eglises de France, et le cénotaphe de Ferney figureroit très bien dans une capitale. Si donc monsieur, cet édifice consacré à honorer de la cendre, n'est déjà pas retourné en cendre, je vous serai très obligé d'ordonner à quelqu'un de vos vassaux de le mettre en tout ou par parties sur une charette et de me l'apporter lundy prochain. Je me parerais de votre magnificence, et j'irais le plustôt qu'il me seroit possible vous remercier d'une complaisance qui m'épargneroit au moins l'embarras.

Rien des médiateurs. Je travaille à recevoir le nôtre convenablement, et je lui souhaite toute la patience requise. Vous devez m. voir avec plaisir que le vent du sud a déjà bruni nos campagnes, il les fera bientôt verdir et vous jouirez de la félicité des enfans d'Abraham. Vous verrez bondir vos troupeaux, flotter vos moissons, mûrir vos raisins. Pour moi je serai heureux quand je pourrai aller me placer sicut novellæ olivarum in circuitu mensæ tuæ.