1773-04-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

Monsieur,

Nous sommes bien embarassés dans le petit hameau de Ferney.
Le sr Racle est parti précipitamment pour Paris, et je crois qu’il a emporté avec lui l’ordre de Monsieur L’intendant.

Les sindics du hameau ont reçu aujourd’hui les ordres pour la confection des chemins. De ces sindics il y en a un qui est fort malade, et l’autre qui ne sait pas lire. Deux de nos manœuvres sont morts; il n’en reste prèsque point. Nous n’avons que des horlogers.

L’année passée ceux qui travaillaient au grand chemin de Meyrin à Ferney, coupèrent mes moissons pour chercher du gravier. J’ai fait réparer ce malheur sans me plaindre. J’ai fait reporter de la terre franche dans les trous et dans les précipices qu’on avait creusés. Je viens de semer, et de planter des haies vives et des arbres le long du chemin. Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien les protéger, et d’engager le sr Chabert à ménager ma terre, attendu qu’il y a beaucoup de gravier dans le voisinage. Je vous serai infiniment obligé.

J’ai l’honneur d’être avec une affectueuse reconnaissance

Monsieur

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire