au Château de Ferney 9e xbre 1762 a
J'espère, Monsieur, que les arrangements dont nous convenons ne vous déplairont pas. J'aurais souhaitté qu'ils eussent été faits plutôt.
L'argent qu'il en a coûté pour bâtir et démolir ensuitte une muraille assez longue, et pour faire un Chemin devenu inutile, aurait été employé à des embélissements qui auraient rendu vôtre séjour et le mien plus agréable. Vous serez le maître du pré que vous désirez. Le nouveau chemin que je fais vous sera beaucoup plus commode étant prèsque visàvis de vôtre maison. Vos possessions seront plus arondies, Vous aurez de grandes promenades à droite et à gauche. Les arbres que j'ai déjà plantés feront des berceaux assez bas qui ne pouront nuire ni à vôtre vue, ni à la mienne.
Il sera aisé, d'ailleurs, de faire, si vous le voulez, une porte de communication. Made Denis en profitera et cultivera plus commodément la société de madame Mallet dont elle sent tout le prix. Nous lui présentons nos très humbles obèïssances.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, vôtre très humble et très obéïssant serviteur
Voltaire