19e juin 1770, à Ferney
Monsieur,
Une vieillesse très décrépite, et une longue maladie, sont mon excuse de ne vous avoir pas remercié plutôt de l'honneur et du plaisir que vous m'avez fait.
J'ajoute à cette triste excuse l'avis que vous me donnâtes, que vous alliez pour longtems hors de Paris.
J'emploie les premiers moments de ma convalenscence à relire encor vôtre ouvrage, et à vous dire combien j'en ai été content. Voilà la première traduction où il y ait de l'âme. Les autres pour la pluspart sont aussi sèches qu'infidèles. Je vois dans la vôtre de l'entousiasme, et un stile qui est à vous. Qui traduit ainsi méritera bientôt d'avoir des traducteurs. J'aplaudis à vôtre mérite autant que je suis sensible à vôtre politesse.
J'ai l'honneur d'être avec une estime respectueuse
Monsieur
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire