1770-06-12, de Marie Louise Denis à Élie Bertrand.

Pardon Monsieur si j'ai été si longtemps sans vous remercier de votre obligente lettre et du livre que vous avez bien voulu y joindre.
Je vous avoue que l'envie de vous satisfaire et l'espérence de povoir vous envoier quelque chose m'a fait retarder jusqu'à présant. Je n'ai pas cessé de presser mon Oncle. Le premier volume est imprimé, on travaille au second. Mais ces deux volumes ne paraitront pas avant la fin de 7bre, et mon Oncle m'a donné sa parole de vous envoier incessament une vingtaine de foeuille du premier et successivement les autres de sorte que vous puissiez être près aussitos que Mr Cramer. Ne doutez pas Monsieur que je ne sois fort attentive et fort pressante affin que l'on me tiene la parole que l'on m'a donnée.

Nous attendons ces jours ci Mr Pigale, sculteure, pour sculter Mon Oncle. Vous sçavez que les gens de lettres lui érigent une statue, et c'est lui qui est choisi pour l'exécuter.

J'ai reçu une lettre charmente de Mr Dosterval. Je voudrais bien que dorénavant l'imprimerie de Neuchatel fût l'atelier de mon Oncle. Soiez sûr que j'y prands le plus vif intéres, que je voudrais de tout mon Coeur pouvoir vous servir tous deux et vous Convincre des sentimens avec les quels j'ai l'honneur d'être Monsieur

Votre très humble et très obbéissente servante

Denis

Ma follie est que l'imprimerie de Neuchat[el] deviene celle de Fernex. La grande dificulté serait que le patron pût voir les foeuilles l'une après l'autre. Cela serait un peu long accause de l'éloignement. Dites moi comment cela pourait se faire, et quand je trouverai un moment favorable je le sesirai. Mais malheureusement il a pris un engagement avec Cramer pour cette anciclopédie.