1770-05-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Mon cher ange, je me plaignais à tort de l'indifférence de Mr Le Duc de Choiseul pour ma manufacture.
Il a eu plus de bonté et plus d'attention que je n'osais en espérer. J'ai poussé l'injustice jusqu'à gronder made la Duchesse de Choiseul qui fesait tout pour moi. J'étais sans le savoir le plus ingrat des hommes et le plus difficile à vivre.

Voicy une autre affaire qui poura vous amuser en attendant le mariage de la belle sœur de vôtre prince. Vous êtes suplié de lire ce mémoire, et nous dire si nous n'avons pas raison, et en cas que nous aions prodigieusement raison, comme je le crois, de recommander l'affaire à Mr Le Duc de Praslin qui est un des juges.

A propos, j'ai une fluxion horrible de Poitrine qui m'empêche de faire usage de l'ordonnance de Mr Bouvard. M'est avis, mes anges, que je m'en vais à tous les diables avec mon cordon de st François.

Portez vous bien, et ne faittes ce voiage que le plus tard que vous pourez.