1770-04-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Catherine II, czarina of Russia.

Madame,

Que votre majestéimpériale pardonne mon importunité.
Il faut que je lui dise (ce qu'elle voit bien sans moi) qu'elle tourne toutes les têtes des bords de la mer Baltique aux montagnes des Alpes.

Elle a dû recevoir une lettre d'un illuminé qui a trouvé dans l'ancien testament, et dans l'apocalypse, que Moustapha sera détrôné cette année. Cet homme nommé Chesaux, voit dans les prophètes ce que je vois dans vos soldats.

Un autre enthousiaste a écrit le petit poême dont j'ajoute la traduction à votre majesté.

D'autres enthousiastes insistent toujours sur les chars, supposé qu'on se batte en bataille rangée dans les plaines d'Adrianople. C'est à votre raison supérieure à juger les imaginations que vous échauffez.

Soyez toujours victorieuse, toutes les nations alors vous célébreront. Mais quand vous éprouveriez un revers (ce que je ne crois pas) l'ermite de Ferney sera invariable dans son admiration pour l'esprit et le courage de votre majesté impériale, dans son profond respect, dans ses vœux pour votre personne, dans sa reconnaissance, et dans sa haine cordiale contre Moustapha.

Le très humble et très obéissant ermite de Ferney, enthousiaste de sa majesté impériale Catherine seconde, la première de toutes les femmes, et qui fait honte à tant d'hommes