à Ferney 9e Mars 1770
Sire, il est clair que vous avez trop de tout, et moy trop peu. Votre épître à madame de Morian sur ce sujet est charmante. Il y a plus de trente ans que vous m'étonnez tous les jours. Je conçois bien comment un jeune parisien oisif peut faire de jolis vers français quand il n'a rien à faire le matin que sa toilette, mais qu'un Roy du nord qui gouverne tout seul une vingtaine de provinces fasse sans peine des vers à la Chaulieu, des vers qui sont à la fois d'un poète et d'un homme de bonne compagnie c'est ce qui me passe. Quoy vous nous battez en Turinge et vous faites des vers mieux que nous! C'est là qu'il y a du trop, et vous me causez trop de regrets de ne pas mourir auprès de votre majesté héroïque et poétique.