9e xbre 1769, à Ferney
Pausanias dans ses prussiaques dit qu'Alexandre poussait son amour pour les beaux arts jusqu'à faire des vers dans la langue des Welches, et qu'il mettait toujours dans ses vers un sel peu commun, de l'harmonie, des idées vraies, une grande connaissance des hommes, et qu'il faisait ces vers avec une facilité incroiable, que ceux qu'il fit pour Talestris étoient pleins de grâce et d'harmonie.
Il ajoute que ses talents étonnaient baucoup ses Macedoniens et ses Thraces qui se connaissaient peu en vers grecs et qu'ils apprenaient par les autres nations combien leur maître avait d'esprit car pour eux ils ne le connaissaient que comme un brave guerrier qui savait gouverner comme se battre.
Il y avait dit Plutarque dans ce temps là un vieux Welche retiré vers les montagnes du Caucase qui avait été autrefois à la cour d'Alexandre, et qui vivait aussi heureux qu'on pouvait l'être loin du camp du vainqueur d'Arbelle, et de Basroc. Ce vieux radoteur disait souvent qu'il était très fâché de mourir sans avoir fait encor une fois sa cour au héros de la Macédoine.
Sire,
Je ne doute pas que vous n'ayez dans votre cour des savants qui ont lu Plutarque et Xenophon dans la bibliotèque de votre nouvau palais, ils pouront vous montrer les passages grecs que j'ay l'honneur de vous citer, et votre majesté verra que rien n'est plus vrai.
Je donnerais tout le mont Caucase pour voir ce Welche deux jours à la cour d'Alexandre.