1747-02-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à conte Francesco Algarotti.
Enfant du Pinde et de Citere.
Brillant et sage Algaroti
A qui le ciel a départi
L'art D'aimer, d'écrire, et de plaire;
Et dont le charmant caractére
A tous les goûts est assorti
Dans vos palais de porcelaine
Recevez ces frivoles sons
Enfilez sans art et sans peine
Au Charmant paÿs des Pompons.
O Saxe que nous vous aimons!
O Saxe que nous vous devons,
D'amour et de reconnoissance!
C'est de vôtre sein que sortit
Le héros qui vange la France
Et la Nimphe qui L'embellit.
Apprenez que cette Dauphine
Par ses grâces, par son esprit
Ici chaque jour acomplit
Ce que votre muse Divine
Dans ses Lettres m'avoit prédit.
Vous penserez que je l'ay vüe
Quand je vous en dis tant de bien,
Et que je l'ay même entendüe.
Je vous jure qu'il n'en est Rien;
Et que ma muse peu connüe
En vous répétant dans ces vers
Cette vérité toute nüe
N'est que L'éco de L'univers.
Une Dauphine est entourée
Et l'étiquette est son tourment.
J'ay laissé passer prudemment
Des paniers la foule titrée
Qui remplit tout L'apartement
De sa bigarure dorée.
Virgile étoit il le prémier
A la toilette de Livie?
Il laissoit passer Cornélie,
Les Ducs et pairs, le chancelier,
Et les cordons Bleus d'Italie
Et s'amusoit sur l'escalier
Avec Tibulle et Polimnie.
Mais à la fin j'auray mon tour.
Les Dieux ne me refusent guére.
Je fais aux grâces chaque jour
Une très dévote prière.
Je leur dis, filles de l'amour,
Daignez, à ma muse Discrette
Accordant un peu de faveur,
Me présenter à votre sœur,
Quand vous irez à la toilette.
Que vous dirai-je maintenant
Du Dauphin et de cette affaire
De l'amour et du sacrement?
Les Dames d'honneur de Cithere
En pouroient parler dignement,
Mais un profane doit se taire.
La cour dit qu'il s'occupe à faire
Une famille de héros,
Ainsi qu'ont fait très à propos
Son ayeul et son digne père.
Daignez pour moy remercier
Votre ministre magnifique.
D'un fade éloge poétique
Je pourois fort bien l'ennuyer,
Mais je n'aime point à louer,
Et ces offrandes si chéries
Des belles et des potentats,
Gens tout nouris de flateries,
Sont un Bijou qui n'entre pas
Dans son baguier de pierreries.
Adieu, faites bien au saxon
Goûter les vers de l'Italie
Et les véritez de Neuton,
Et que votre muse polie
Parle encor sur un nouveau ton
De notre Immortelle Emilie.

V.

Carissimo ed illustrissimo amico vi mandero quanto prima le rozze pietre colle quali il Wather intende d'edificare una casa, che sara eterna sotto il vostro padrocinio, ma voglio che l'ornamento di questa edizione sia una pistola dedicata al celeberrimo Algaroti, la quale ho gia comminciata. In tanto ecco due opera, l'uno e stato rappresentato alla corte, l'altro aspetta il vostro giudizio. Tocca a voi, esperto giudice in ogni lingua ed in ogni arte di dare la sentenza. Adio o dulce decus meum. Plura alias. Yr for ever.

V.