12e février 1770, à Ferney
Monsieur,
Je vous aurais remercié plutôt de l'honneur que vous me faittes, si j'avais été assez heureux pour être en état de lire la traduction dans laquelle vous m'embellissez. Des fluxions très dangereuses qui me tombent sur les yeux dans le tems des neiges, me privent alors entièrement de la vue.
Dès que je les ai pu ouvrir ils m'ont servi à lire vôtre belle traduction. Je suis partagé entre l'estime et la reconnaissance. Je compte bien faire imprimer votre ouvrage à Genêve. Il est bien flatteur pour la France que l'Italie, la mère des beaux arts, daigne nous traitter en soeur, mais elle sera toujours nôtre soeur ainée. Pour moi, je la regarderai toujours comme ma mère.
Agréez mes sincères remerciements, et tous les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être
Monsieur
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire gentilhome orde de la chambre du Roy