1769-12-24, de Catherine II, czarina of Russia à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur, Nous somes si loin d'être chassé de la Moldavie, et de Holzin come la gazette de France l'a publié, qu'il nì a que quelques jours que j'ai reçuë la nouvelle de la prise de Galatzo, place fortifié sur le Danube, où un Seraskier et un Bacha ont été tué au dire des prisoniers, mais ce qu'il y a de bien vérifié s'est qu'entre ses dernier ce trouve le Prince de Moldavie Mavrocordato, Trois jours après nos troupes légères amenèrent de Boukarest, Capitale de la Valachie, le Prince ou Gospodar de celle çi Gregoire Gika, son frère et son fils, à Yassi au Lieutenant Général Slotteln qui y comande.
Tout ses Messieurs passeront leurs Carnaval non pas à Venise mais à Petersbourg. Boukarest est occupé présentement par nos troupes. Il ne reste plus guère de poste dans la Moldavie aux Turks de ce côté si du Danube. Je Vous mande Monsieur ses détails afin que Vous puissiés juger de l'état des choses, qui assurément n'ont point un aspect affligeant pour tout ceux qui come Vous veulent bien s'interresser à mes affaires. Je croi ma Flotte à Gibraltar, si elle n'a pas encore franchi ce détroit. Vous saurés aprésent plutôt de ses nouvelles que moi. Que Dieu conserve Moustapha, il conduit si bien ses affaires que je ne voudrais point que malheur lui arrive, ses amitiés, ses liaisons tout y contribue. Son Gouvernement est si aimé de ses sujets que les Habitans de Galatzo ce joignirent au moment même de la prise à nos troupes pour courir sur le misérable reste du Corps Turks qui venoit de les quitter et qui fuyoit à toutte jambes. Voilà Monsieur ce que j'avais à Vous dire en réponse à Votre lettre remplie d'amitié du 28 9bre. Je Vous prie de me continuer ses sentimens, dont je fais un si grand cas, et d'être assuré des miens.

Caterine