ce lundi 18 7bre [1769] de Paris
Mon cher ami sur votre lettre du 11 je serais partie sur le champ si je n'avais pas entrepris la grande affaire dont je vous ai parlé et dont je veux avoir raison.
Je n'en désespère point du tout, mais il faut mettre du temps et de la suite aux choses pour en venir àbout. J'espère que cela sera dessidé avant Fontainebleau. Si elle menque je prands mes jambes à mon Col et je vole à Fernex. Mais qu'elle manque ou qu'elle réussisse quand je vous aurai dit ce qui ce sera passé votre amour propre doit être très satisfait. Il n'y a pas jusqu'à votre notaire qui ne disent des choses honestes et flateuse, ainsi ne metons d'humeur à rien, ceux qui en preinent en sont toujours la dupe, et tirons des hommes ce que nous pourons. Mr de Baumond part pour Lion après demain. Il vous donnera une grande lettre. Quel que chose qui arrive j'aurai le bonheur de vous embrasser dans le mois d'octobre. Il ne faut pas que nous voiagions plus tard n'y l'un n'y l'autre. Ce n'est pas dans les chemins que je crains le froit, c'est dans les auberges. Nous sommes vieux cher ami, mais notre corps ne l'est pas temps que vous croiez, et votre esprit a encor toutes les grâces et la vigoeur de la jeunesse. Sçavez vous que vous n'avez pas 75 ans! Vous ne les aurez que dans le mois de 9bre. Que veniez vous donc toujours nous chanter que vous aviez trois ans de plus? Tout le monde a votre extrait batistaire, il n'y a que vous qui ne sachïez pas votre âge. Adieu, j'ai six lettres à écrire pour vous. Je suis bien contante de Mr de St Lamber et de tant d'autres, que je vous nomerai. Ils me servent à merveille. Le prince de Bauvaux m[e] charge de vous faire mille tendres Compliments. C'est encor un de mes neigre. Vous voiez que je ne les choisis pas mal. Adieu, je vous embrasse et vous aime le plus tendrement du monde.
On joue les Guebres dimanche. Nous y allons avec Mr Dargental. Autre nouvelle, le maréchal a pris la peruque en bourse.