ce 4 février 1770 de Fernex
Mon Oncle a la bonté Monsieur de vouloir bien entrer dans mes petites dettes de Paris.
J'ai un billet de 5200lt qu'il veut paier en totalité ou en partie. Il prétand que si vous avez assez d'argeant au mois de mars en lui fournissant son Contengean il me le paiera. Il vous a déjà prié de remettre sinquante louis à mr Denis pour cet obget là, cela ne ferait plus que quatre mille franc. Faites ce que vous pourez, je me recommende à vous car je sçai que l'on vous tire quelque fois outre mesure. Vous me donnerez ce que vous pourez et je vous en serai toujours très obbligée.
Mon Oncle se porte assez bien et j'ai lieu d'en être fort contante. Il a toujours ces deux orriginaux, je vis bien avec eux et je prands passience. Il est fort contant de mon retour, et je ne crois pas qu'il me propose de si tôt un voiage à Paris. La vie que je meine ici n'est pas bruiante, car il ne veut voir personne, mais je m'accoutume à ma solitude, et il m'en aurait trop coûté de me séparer de lui et de le sçavoir seul ou en si mauvaise Compagnie. Tout va bien dieu merci. Conservez moi un peu d'amitié Monsieur, et ne doutez pas des sentimens avec les quels j'ai l'honneur d'être
Votre très humble et très obbéissente servante
Denis