1765-03-22, de Marie Louise Denis à Jean Robert Tronchin.

Nous avons terminé hyer Monsieur avec Monsieur votre frère l'affaire des Delisses.
J'étais aussi sûre de votre façon de penser que de la siene, c'est ce qui m'enhardit à prendre le parti d'avoir l'honneur de vous écrire, lorsque je vis qu'on fesait n'aitre des difficultés. Vous en avez agis Monsieur avec la noblesse digne de votre Coeur et de vos sentimens. Je souhaite que vous soiez aussi contant de moi que je le suis de vous, et je ne désire rien tant que de mériter votre amitié.

Mr votre frère m'a fait un billet à ordre à tirer sur vous de dix mille livres pour la vante des meubles. Je l'envoie à Mon beau frère. Si la prière que je vais vous faire peut s'accorder avec vos affaires, je vous serai très obbligée de ne me pas refuser. C'est de joindre ces dix mille franc au billet que j'ai de vous et qui je crois échoit dans le mois d'avril. En cas que Mon beau frère outre ces dix mille franc ait encor mille écus ou quatre mille franc à moi voudrez vous bien aussi vous en charger et les joindre à ce billet. Je vous en serai très obbligés. Pardonnez Monsieur à mes importunitez, mais dites franchement si cela vous convient ou nom, car je serais fâchée d'abbuser de votre complesence. Mon Oncle se porte assez bien, il a sans doute eu l'honneur de vous écrire. Nous regreterions bien moins les Délices si nous pouvions nous flater de vous y voir mais il faut aimer ses amis nom pour soi mais pour eux et vous êtes dans une ville qui quoi qu'il n'y ait pa tant de souverains qu'à Geneve, n'en est pas moins agréable. Je crois la calité des souverains en elle même bonne et utille, mais la cantité est bien abbusible. Je ne me consolerais cependand pas d'avoir quité les Délices, si je n'espérais voir tout aussi souvant mes amis de Geneve à Fernex que j'aimerai toujours.

Adieu Monsieur, ne doutez pas de l'attachement inviolable avec le quel j'ai l'honneur d'être Votre très humble et très obbéissente servente

Denis

Mr et Mme Dupuits vous présentent leurs obbéissences très humbles.