1769-09-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean François René Tabareau.

Je ne vous appellerai plus mon cher ami, puisque vous m'appellez Monsieur, mais je prie instamment vôtre raison, vôtre zèle pour la bonne cause, et vos bontés, pour moi, de confondre le fanatisme des sots, et d'enhardir la timidité des sages.

On me mande que les Guêbres doivent être joués à Fontainebleau, mais j'en doute beaucoup. Tout ce que je sais certainement c'est qu'un de mes amis doit en parler avec vigueur à Mr De Sartine. Il doit le prévenir sur le dessein de représenter la pièce à Lyon, afin que les fanatiques de Paris aient moins de prétexte pour crier. Je pense qu'il suffira que Mr De Sartine vous mande qu'il ne s'opose point aux spectacles que vous donnez dans vôtre ville, et qu'il s'en remet au goût et à la volonté de vos magistrats.

Je demandais le nom d'un médecin de Lyon pour avoir un prétexte de faire un petit voiage en cas qu'on joue les Guebres. Comme je suis toujours malade le prétexte est valable. La véritable raison serait de venir vous embrasser.

Je pourais, comme un autre, vous dire Monsieur que je suis vôtre très humble et très obéissant serviteur, mais j'aime bien mieux être vôtre ami.

Voicy un exemplaire où il se trouve des changemens qui n'étaient pas dans l'autre.