1769-08-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Joseph Audra.

On a adressé, Monsieur, chez vôtre parent à Lyon, un paquet contenant à peu près ce que vous désirez.
Quand on saura que vous l'avez reçu on vous en adressera d'autres; vous n'en manquerez point.

Vôtre ami l'abbé Morelet a fait un excellent ouvrage qui pourait bien aboutir à faire abolir la compagnie des Indes. Je voudrais bien qu'il fit abolir aussi des établissements beaucoup plus funestes.

L'affaire de Sirven me parait furieusement trainer en longueur. A t-il rencontré des difficultés? n'est-il pas conduit par un excellent avocat? n'a t-il pas de bons protecteurs? Je vous suplie de vouloir bien, quand vous aurez un moment de loisir, me mettre au fait de la situation de cet infortuné.

Il y a un académicien de Toulouse nommé mr D'Arquier, qui me mande qu'on a fait une souscription pour former une bonne troupe de comédiens, et que l'intention des souscripteurs est de faire représenter des pièces tragiques avec des chœurs. Je me prêterais volontiers à cette entreprise, s'il y avait en éffet une bonne troupe, ou du moins une troupe qu'on pût former. Mon goût pour les beaux arts ne finira qu'avec ma vie; mais j'aime mieux emploier mes derniers jours à servir avec vous des malheureux.

Je vous embrasse de tout mon cœur. V. t. h. o. s.

V.