1769-05-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Gabriel Le Fournier, marquis de Wargemont.

J'eus l'honneur, Monsieur le comte, de vous répondre et de vous remercier il y a plusieurs mois.
J'adressai ma Lettre chez Monsieur le Prince de Soubize. On ne peut faire que des réflexions désagréables sur les irrégularités de la poste; et il faut se taire.

Vous parlez d'aller voir les Turcs; c'est aparemment pour les battre. Vous êtes trop bon chrétien et trop galant pour prendre le parti des infidèles contre les Dames. A l'égard de brûler des maisons et de couper les arbres fruitiers par le pied, comme celà ne se trouve ni dans l'histoire d'Attila, ni dans celle de Genseric, et que je ne me mêle plus que de l'histoire ancienne, ce n'est pas à moi de parler de tels exploits; mais ceux de vôtre valeur et de vôtre prudence me seront très précieux.

Vous savez, Monsieur, avec quels respectueux sentiments je vous suis dévouée.

V.