1769-02-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Alexandre Marie François de Paule de Dompierre d'Hornoy.

Je vous envoie, mon cher conseiller, un ordre, pour faire prendre deux éxemplaires chez le nommé Merlin, Libraire à Paris je ne sais où.
Il n'y a encor que sept volumes de la grande édition chez Pankouke, auprès de qui je n'ai aucun crédit. Gabriel Cramer qui a entrepris cette édition de Pankouke sans me consulter, et qui l'a farcie de toutes les pauvretés imaginables, ne m'en a donné qu'un seul éxemplaire.

Vous me mandez qu'il faut que j'écrive à Mr le maréchal de Richelieu, pour obtenir de lui qu'il donne de l'argent à made Denis. J'ai encor moins de crédit auprès de lui qu'auprès de Pankouke. Si ma nièce n'était pas venue à Paris elle n'aurait jamais rien touché de Mr De Richelieu. Pour peu qu'elle veuille le faire ressouvenir de ses devoirs elle en obtiendra aisément dix mille livres qui joints aux dix mille livres qu'elle touchera de mr De Lezeau lui composeront vingt mille livres pour cette année, en commençant au mois de mars prochain. Il sera bien difficile que les affaires de la succession de Guise ne finissent pas dans l'année, et que les autres ne soient irrévocablement arrangées. Si je vis encor deux ans elles pouront l'être très avantageusement, sinon, tout est dit, mors ultima linea rerum est.

Je vous embrasse tendrement, mon cher ami, vous et toute ma famille.