1769-01-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Louise Denis.

Ma chère nièce, toute vôtre maison a donc été malade et vous aussi.
Pour moi je n'ai que mes misères ordinaires auxquelles la nature m'a livré depuis 75 ans. Le mieux qu'on puisse faire dans une vieillesse aussi infirme c'est de se cacher. Il n'y a point de marmotte dans les Alpes qui entende celà mieux que moi.

Quand vous vous porterez bien mandez moi des nouvelles du pauvre feu La Touche. J'aime assez les choses qui ne ressemblent à rien. Je suis possesseur d'un 5e acte un peu changé. Je vois qu'il a fallu le rendre sage; et la sagesse est l'ennemie mortelle de la passion et des traits hardis. C'est un grand malheur de marcher entre des épines, les pas sont mal assurés et on se pique les jambes. Vous pouriez fort bien me mander des nouvelles sans vous piquer, elles m'intéressent beaucoup. Vous savez combien je suis attaché au patron. On me fit craindre pour lui.

On dit que le maréchal de Richelieu a la mémoire affaiblie comme les oreilles. Je me flatte cependant qu'il n'oubliera pas tout à fait qu'il vous doit de l'argent; et vous êtes sûre d'en toucher de mr De Lezeau.

Je suis bien faible pour entreprendre le voiage de la rue Bergère, mais j'en ai grande envie. Celà dépendra un peu de feu La Touche, mais madame la comtesse de Vergy a retenu toutes les places au coche.

Je vous embrasse de toute mon âme et de toutes mes forces.

Nb.

Voicy un cinquième acte.

Il y a une grosse faute au 3ème. Ce ne sont que deux vers à changer mais ils sont essentiels.

acte 1, scène 1

CEZENE

Et pourquoi vous charger de l'affreux ministère
Que partage avec vous un sénat sanguinaire?

IRADAN

On prétend qu'à ce peuple il faut un joug de fer,
Une loi de terreur et des juges d'enfer.
Je fais qu'au Capitole on a plus d'indulgence;
Mais le cœur en ces lieux se ferme à la clémence.
Dans ce sénat sanglant les tribuns ont leur voix.
J'ai souvent amoli la dureté des loix;
Mais ces juges altiers contestent à ma place
Le droit de pardonner, le droit de faire grâce.

CESENE

Ah! laissons cette place et ces hommes pervers
etca

A la scène des prêtres et de la petite fille Le pontife doit dire

Et la loi la condamne, au lieu de dire
Et moi je la condamne.
Nous ne souffrirons pas qu'un soldat, un prophane
En corrompe à nos yeux la sévère équité
etca