[c. 5 January 1767]
Le jeune autheur qui est chez moy, monsieur, abuse de votre bonne volonté et de votre patience.
Je vous demande pardon pour lui mais je crois que les changements et additions qu'il vous envoye sont très nécessaires. Vous me ferez grand plaisir de m'envoier la seconde feuille. Imprime t'on Artaxerce? Mille compliments.
Acte 4e, Scène 3e, après ce vers
Y va trainer Octave avec Antoine et moi, ajoutezAUFIDE
Non, espérez encor; les soldats de ces traîtresOnt changé quelquefois de drapeaux et de maîtres.Ils ont trahi Lépide; ils pouront aujourd'huiVendre au fils de Pompée un mercénaire apui.Pour gagner les Romains, pour forcer leur hommageIl ne faut qu'un grand nom, de l'or et du courage.(24) On a vu Marius entrainer sur ses pasLes mêmes assassins paiés pour son trépas.Nous séduirons les uns, nous combattrons le reste.Ce coup désespéré peut vous être funeste,(25) Mais il peut réussir. Brutus et CassiusN'avaient pas après tout des projets mieux conçus.Téméraires vengeurs de la cause communeIls ont frappé César et tenté la fortune.Ils devaient mille fois périr dans le Sénat.Ils vivent cependant; ils partagent l'état;Et dans Rome avec vous je les verrai peut être.Mes guerriers sur vos pas à l'instant vont paraître.Nous vous suivrons de près; il en est temps; marchons.etca comme dans le manuscrit.
Pr les notes.
24
On a vu Marius entrainer sur ses pas Les mêmes assassins paiés pour son trépas.
Nonseulement ceux de Minturne qui avaient ordre de tuer Marius, se déclarèrent en sa faveur, mais étant encor proscrit en Afrique, il alla droit à Rome avec quelques Africains, et leva des troupes dès qu'il y fut arrivé.
25
. . . .. Brutus et Cassius N'avaient pas, après tout, des projets mieux conçus.
Il est constant que Brutus et Cassius n'avaient pris aucunes mesures pour se maintenir contre la faction de César. Ils ne s'étaient pas assurés d'une seule cohorte, et même après avoir commis le meurtre ils furent obligés de se réfugier au capitole. Brutus harangua le peuple du haut de cette forteresse, et on ne lui répondit que par des injures et des outrages; on fut prêt de l'assiéger. Les conjurés eurent beaucoup de peine à ramener les esprits; et lorsqu'Antoine eut montré aux Romains le corps de César sanglant, le peuple animé par ce spectacle, et furieux de douleur et de colère, courut le fer et la flamme à la main vers les maisons de Brutus et de Cassius. Ils furent obligés de sortir de Rome. Le peuple déchira un citoien nommé Cinna qu'il crut être un des meurtriers. Ainsi il est clair que l'entreprise de Brutus, de Cassius et de leurs associés, fut soudaine et téméraire. Ils résolurent de tuer le tiran à quelque prix que ce fût, quoi qu'il en pût arriver.
Il y a vint éxemples dans l'histoire d'assassinats produits par la vengeance ou par l'entousiasme de la liberté, qui furent l'éffet d'un mouvement violent plutôt que d'une conspiration bien réfléchie et prudemment méditée. Tel fut l'assassinat du Duc de Parme Farnèse, bâtard du pape Paul trois. Telle fut même la conspiration des Pazzi qui n'étaient point sûrs des Florentins en assassinant les Médicis, et qui se confièrent à la fortune.
NB: qu'il faudra changer les numéros des notes suivantes.
Acte 3e, Scène 6e, au commencement
ôtez le 1er vers
Enfin donc je me vois sous le pouvoir d'Octave! et mettez,OCTAVE (arrêtant Julie)
Je vous ai déjà dit que vous deviez m'entendre.Vôtre abord en cette île a droit de me surprendre;Mais cessez de me craindre et calmez vôtre cœur.JULIE
Seigneur, je ne crains rien; mais je frémis d'horreur.OCTAVE
Vous changerez peut être en connaissant Octave.JULIE
J'ai le sort des Romains, il me traitte en esclave.etca come dans le manuscrit.
A La fin du chapitre des proscriptions après les vers d'Horace.
Mais pour oser dire que nous sommes meilleurs que nos ancêtres, il faudrait que, nous trouvant dans les mêmes circonstances qu'eux, nous nous abstinsions avec horreur des cruautés dont ils ont été coupables; et il n'est pas démontré que nous fussions plus humains en pareil cas. La philosophie ne pénètre pas toujours chez les grands qui ordonnent, et encor moins chez les hordes des petits qui éxécutent. Elle n'est le partage que des hommes placez dans la médiocrité, également éloignez de l'ambition qui opprime, et de la basse férocité qui est à ses gages.
Il est vrai qu'il n'est plus de nos jours des persécutions générales: mais on voit quelquefois de cruelles atrocitez. La société, la politesse, la raison inspirent des mœurs douces. Cependant quelques hommes ont cru que la barberie était un de leurs devoirs. On les a vûs abuser de leur état jusqu'à se jouer de la vie de leurs semblables en colorant leur inhumanité du nom de justice; ils ont été sanguinaires sans nécessité, ce qui n'est pas même le caractère des animaux carnassiers. Toute dureté qui n'est pas absolument nécessaire, est un outrage au genre humain.
Puissent ces réfléxions satisfaire les âmes sensibles et adoucir les autres.
A la fin du 3e acte, dernier vers,
Qu'il voudrait avec toy disputer de vertu.
Corrigez
Que je n'ose avec toy disputer de vertu.
Car l'auteur m'a mandé qu'un coquin comme Auguste n'est pas digne de dire qu'il voudrait disputer de vertu avec César.