1753-01-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville.

J'ay reçu la lettre du 12 janvier de mon cher marquis.
J'avais prévenu il y a longtemps ce qu'il a la bonté de me mander, ayant renvoyé au Roy de Prusse par deux fois mon cordon, ma clef de chambélan; et luy ayant remis tout ce qu'il me doit de mes pensions. Il m'a toujours tout renvoyé, il m'a invité à aller avec luy le 30 du mois à Potsdam. Je ne sçai si ma santé me permettra de le suivre. Il pourait dire avec moy, nec possum técum vivere, nec sine te, et je ne dois dire que la première partie de ce vers. J'embrasse mon cher marquis, je le remercie, et je suis un piqué de ce qu'il n'a pas deviné la seule conduitte que je pusse tenir.

Tout ce qu'il me conseille était fait il y a près d'un mois, mais pouvoir revenir est une autre affaire.