1769-01-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à conte Alessandro Carli.

Monsieur,

La lecture de vôtre Tragédie m'a fait oublier les fluxions dont mes yeux sont accablés.
J'ai éprouvé que le meilleur des médecins est le plaisir. Cette lecture a suspendu tous mes maux. La vivacité de l'intrigue m'a attaché depuis le premier vers jusqu'au dernier. Je ne sais pas assez quel est le goût de vôtre nation pour vous dire à quel point vous devez lui plaire; je ne puis vous répondre que de moi. Agréez avec bonté mes remerciements et mon estime. Permettez que je fasse icy les plus tendres compliments à Mr Albergati vôtre ami. Le triste état où je suis ne me permet pas d'écrire plusieurs lettres.

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que vous méritez

Monsieur

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire