1768-12-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à Michel Paul Guy de Chabanon.

Je présente mes tendres respects à Eudoxie, et j'embrasse de tout mon cœur Monsieur son père, mais je le gronde très vivement d'avoir imaginé que j'aie pu l'oublier à propos d'un siècle.
Je vivrais des siècles que je ne l'oublierais pas.

Le siècle de Louïs 14 fut envoié à Genêve il y a huit jours, pour être mis à la diligence de Lyon. Il se trouve que cette diligence ne va plus à Genêve, mais à Versoy. Le paquet a été remis à Versoy. Le paquet arrivera quand il plaira à Dieu et au directeur des coches.

On ne trouve plus de princesse de Babilone. J'ai encor une ou deux guerres de Genêve. Cela pourait s'envoier par la poste, pourvu que vous aiez une adresse sûre.

Le siècle me chicane; il y a des gens qui n'aiment pas la vérité, quoi que mésurée et circonspecte. Ce qui a été permis aux gazetiers ne l'est plus aux historiens. Celà est aussi fou qu'injuste.

On dit qu'il y a du remue-ménage à quatre lieues de Paris; si la chose est vraie j'en suis très affligé. Je n'ai plus qu'un soufle de vie, mais il est à vous.

V.