Permettez moi, Monsieur, de vous consulter.
Je lis dans un écrivain de la rue st Jaques, que si les Américains n'ont point de barbe c'est qu'ils se l'arrachent, et qu'ils se frotent avec une herbe qui l'empêchent de croître. Il me parait difficile que les Algonquins, les Braziliens et les habitans du Chili se soient donnés le mot pour s'arracher la barbe sans avoir de pinces, et qu'ils aient tous connu la même herbe qui est inconnue partout ailleurs. Il n'y a qu'une brûlure profonde qui puisse empêcher le poil de croître. Vous avez été longtems en Canada, personne n'est plus en état que vous de m'instruire. Je vous demande cette grâce.
Agréez, Monsieur, vous, et Madame De Caire, les très sincères respects de vôtre très humble et très obéissant serviteur, le vieux malade de Ferney.
V.
à Ferney 1er Xbre 1768