Ferney 2e 9bre 1768
Il est vrai, mon cher et illustre ami, que l'académie de Rouen m'a fait l'honneur de m'écrire qu'elle m'envoyait l'ouvrage couronné sans me dire qu'il était de vous.
Vous me comblez de joie en m'apprenant que vous en êtes l'auteur. Ce ne sera donc pas seulement une pièce couronnée, mais une excellente pièce. Le sr Pankouke qui a fait si longtemps la litière de Fréron, et qui fait actuellement la mienne, était chargé de m'envoyer votre discours; mais il est devenu un homme si important depuis qu'il débite les mal semaines de ce Fréron, qu'il ne s'est mis nullement en peine de me faire parvenir l'ouvrage après lequel je soupire.
Je suis réduit à vous faire des compliments à vide. J'ai remercié l'académie normande sans savoir de quoi, et je brûle d'envie de vous remercier en connaissance de cause.
Je vois bien que nous n'aurons pas la partie ecclésiastique de ce brave chevalier et de ce pauvre roi François premier, cette partie est la honteuse. Charles quint son supérieur en tout, ne faisait pas brûler les luthériens à petit feu, il leur accordait la liberté de conscience après les avoir battus en rase campagne. C'est dommage que de ces deux héros l'un soit mort fou et l'autre soit mort de la vérole.
Permettez à l'estime et à l'amitié de vous embrasser sans cérémonie.