à Gex le 17 avril 1768
Monseigneur,
Je me suis empressé à me procurer le Poème de la Guerre Civille de Geneve en cinq chants par M. de Voltaire pour vous en faire part.
J'ai l'honneur de vous en envoyer un éxemplaire. Pour bien comprendre cette Pasquinade, il faut être instruit des avantures du sieur Covelle qui en est le héros. C'est le premier Genevois qui a refusé de se mettre à genoux dans le Consistoire pour recevoir la censure qu'il avoit encouru en débauchant une de ses Concitoyennes; Ce refus a donné Lieu à plusieurs Ecrits et a beaucoup égaié la plume de M. de Voltaire.
On m'a communiqué hier la réponse que M. le Duc de Choiseul a faitte le 31 mars dernier aux sindics et Conseils de cette Ville touchant leur accommodement avec les Citoyens et Bourgeois. J'ai L'honneur, Monseigneur, de vous en envoyer une Copie. Le Ministre sans s'expliquer ouvertement en dit assés pour faire connoitre le mécontentement de Sa Majesté.
Il n'y a encore rien de nouveau sur L'arrangement de la Poste à Versoix.
Je comptois que le Régiment de Cambresis ne feroit que passer à Gex et qu'il iroit tout de suite occuper Versoix et les Communautés Circonvoisines conformément au Cantonnement dont j'ai eu L'honneur de vous envoier le Tableau, mais M. Le Marquis de Latourdupin, en me donnant avis de L'arrivée de ce Régiment, me mande qu'il doit s'arrêter à Gex et y demeurer jusques à nouvel ordre, Ce qui m'embarrasse beaucoup, vû la grande difficulté d'établir convenablement un Bataillon entier dans un Lieu si petit et si dépourvu des ressources nécessaires pour le Logement des Troupes.
Je suis avec un profond respect
Monseigneur
Votre très humble et très obéissant serviteur.
Fabry