. . . Voilà precisément pourquoi je n'ai pas voulu répéter ce que dit l'histoire. Si mon héros eût vécu de notre temps, il n'aurait point fait ravager la terre: & quand un Prud'homme lisait, au bout de sa table, les Faits & gestes mémorables des tems passés, il est à remarquer que, ce qu'il aimait le plus, c'était l'histoire des philosophes & celle des législateurs.
Je sais bien que je n'ai pas encadré mon héros dans toutes ses vertus: votre lettre seule en dit autant qu'un long discours. Mais un grand chapitre que j'aurais pu traiter aussi, c'est celui de la véritable sagesse du bon roi Charles. Dans un siècle intolérant, ce prince invitait la philosophie à se montrer. Il aurait voulu placer auprès de lui sur le trône, comme la force & le soutien de l'empire, cette lumière nouvelle que vous êtes enfin venu apporter aux hommes.
Des courtisans murmuraient de l'honneur qu'il portait aux gens de lettres; il leur répondit: Les clercs où est sapience, on ne peut trop honorer. Tant que sapience sera honorée dans ce royaume, il ira à prospérité; & quand déboutée y sera, il décherra.
Mais ce n'est guères ces qualités paisibles qui fournissent le texte d'un discours académique. Le roi qui rend son peuple heureux, n'est pas celui dont on parle le plus; & s'il faut de l'art pour louer celui que l'on admire, il en faut encore pour célébrer celui que l'on aime.