1767-10-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marc Antoine Jean Baptiste Bordeaux de Belmont.

Vôtre gouverneur des Andelis, Monsieur, ne parait pas avoir l'esprit de vôtre gouverneur de Guienne. Je crois comme vous qu'il se trompe, mais il faudrait ne se pas tromper en mauvaise prose et en mauvais vers. Mr Le Maréchal de Richelieu doit avoir eu la bonté de vous faire remettre la dernière édition des Scythes imprimée à Lyon chez les frères Périsse. Je vous sais très bon gré d'avoir quitté les criailleries du barreau, et les épines de la chicane, pour un des plus beaux arts qui rendent nôtre nation recommendable, et je ne pardonne point aux barbares, et surtout aux impertinents feseurs de monologues qui endorment leur auditoire l'insolence qu'ils ont de vouloir décrier l'art du dialogue. Soiez bien persuadé, Monsieur, de l'estime inaltérable avec laquelle je serai toujours vötre très humble et très obéissant serviteur

V.